Interview Jean-Marc Lofficier

Interview de Jean-Marc Lofficier menée par Emmanuel Collot pour Science-Fiction Magazine (Été 2022).


Sf-Mag
Bonjour Jean-Marc ! Dans cette interview, ce ne sera pas le Jean-Marc Lofficier des comics qui sera interviewé mais celui du nouveau directeur littéraire des éditions Rivière Blanche. Pourrais-tu expliquer aux lecteurs comment s'est fait le passage entre les comics et le monde si difficile des livres ?
 

Il est nécessaire de faire un petit historique. J’ai toujours fait la promotion de la SF, du Fantastique, de la BD et du Cinéma Français aux USA à travers nos articles, interviews, etc. Fin des années 90, Randy et moi avons eu l’opportunité de faire publier chez McFarland, un éditeur de livres universitaires qui avait déjà publié deux recueils de nos interviews réalisées pour STARLOG, un très gros ouvrage sur la SF etc. Francophone.

Les recherches exigées par la rédaction de cet ouvrage m’ont fait prendre conscience de bon nombre d’œuvres qui méritaient d’être traduites en anglais. J’ai commencé avec le Docteur Oméga d’Arnould Galopin en 2003 et mis en chantier le premier « Doc Ardan » de Guy d’Armen, et l’anthologie Tales of the Shadowmen. Très vite, Brian Stableford est venu nous rejoindre. Sa fabuleuse capacité de traduction a fait que nous avons pu nous attaquer à l’œuvre de Paul Féval, qui était l’une de mes priorités, et Black Coat Press a vite pris son rythme de croisière.
 
Quand nous avons décidé de quitter les USA et revenir nous fixer en France fin 2004, l’idée de recréer un nouveau « Fleuve Noir Anticipation » en profitant de l’expérience de BCP s’est alors concrétisée. Le point de départ fut une rencontre avec Philippe Ward en 1999 – je connaissais déjà Philippe par l’internet, et j’avais mis en chantier la traduction de son Artahé pour Black Coat Press. Or il s’est avéré que nous avions tous deux des romans qui avaient été destinés au Fleuve Noir, mais qui, pour diverses raisons, étaient demeurés inédits – Les Survivants de l’Humanité dans mon cas (également accepté par Nestivesqen qui venait de faire faillite), La Fontaine de Jouvence (destiné à la collection Jimmy Guieu) dans son cas. L’idée nous est donc venue de « ressusciter » le FNA, maquette comprise. Se sont joints à nous dès le début François Darnaudet, P.-J. Hérault et Max-André Rayjean qui avaient également des inédits laissés en rade, puis, très vite, Jean-Pierre Andrevon, Louis Thirion, Alain le Bussy et Claude Legrand, dont j’avais par ailleurs retrouvé la trace en relation avec son rôle dans la création de plusieurs personnages de ce qui devint Hexagon Comics.
 
Bref, ce qui, au tout début, ne devait être qu’un hommage au FNA limité à 3 ou 4 titres, devint une véritable collection.

 
SF-Mag:
Cela fut-il facile ?

 

Oui, tenant compte du fait que rien de tout cela n’aurait été possible sans, d’une part la technologie de l’impression numérique, et d’autre part et surtout, le modèle d’impression à l ;’unité, à la demande, instauré par la société américaine Lightning Source (une filiale d’Ingram, le Hachette américain) ; et, dans le cas de Rivière Blanche, l’existence d’une filiale britannique (LSUK) qui, du moins jusqu’à Brexit, facilitait l’impression de nos volumes en Europe, sans avoir à les faire venir des USA.
 
Vingt ans plus tard, cette approche est encore mal comprise par certains de nos partenaires qui n’intègrent pas le fait que nous n’avons pas de stock et que tout exemplaire commandé, vendu, donné, distribué, etc., est imprimé à la demande et m’est facturé à 30 jours. Avec 800+ titres au catalogue (incluant Hexagon Comics) il me serait d’ailleurs impossible de gérer cela autrement.

 
SF-Mag:
Et que retiendra-t-on de ton illustre prédécesseur qui a fait les beaux jours de la maison ?

 

Philippe a été – je l’ai souvent proclamé – le meilleur directeur de collection de SF/Fantastique dont un éditeur puisse rêver, certainement le plus grand et celui qui a eu le plus d’influence depuis les années 2000. Tant d’un point de vue quantitatif – ce qui relève déjà de l’exploit ! – que qualitatif – il suffit de voir la liste de nouveaux auteurs révélés par RB – aucun autre ne lui arrive à la cheville. Il a récemment reçu un prix, bien trop tardivement à mon avis, mais amplement mérité. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que sans Philippe, RB n’aurait pas eu l’existence qu’elle a eue. J’ai beaucoup de chance de pouvoir continuer à labourer dans le sillon qu’il a creusé.

 

Sf-Mag:
Au regard de la légère bifurcation de Rivière Blanche vers la science-fiction vintage anglo-saxonne et américaine quant à vos judicieux derniers titres à paraître, pourrait-on en déduire que votre politique éditoriale va changer ou bien sera-t-il toujours assez largement ouverte aux auteurs français ?

 

Il n’y a pas de « bifurcation » : je rappelle que nous avons démarré la collection « Fusée » dès 2006 avec trois ouvrages étrangers : Dimension Espagne, Dimension Latino, et un roman inédit de Robert Sheckley, suivi assez vite de deux anthos consacrées à la SF russe par Patrice Lajoye. Dans la même veine, nous avons encouragé Richard Nolane à publier des recueils centrés sur deux auteurs anglais un peu injustement oubliés de nos jours : E.C. Tubb et Vargo Statten, qui chacun avaient été publiés par le FNA à ses débuts. Et j’ai aussi importé certains romans de Brian Stableford, Bill Maynard et Frank Schildiner précédemment publiés initialement chez BCP, parce qu’ils méritaient, à mon avis, d’être lus en France.

Donc nous avons toujours privilégié certaines œuvres d’origines étrangères. Le point commun et le mantra de RB est que nous publions d’abord ce qui ne trouve pas sa place ailleurs. De ce point de vue, il était scandaleux que personne en France (jusqu’à nous) n’ait publié les Skylark de « Doc » Smith, les magnifiques romans ésotériques de Talbot Mundy, ou les planetary fantasies d’Otis Adelbert Kline. Donc puisque personne ne s’était lancé, nous, nous l’avons fait. Et nous continuerons dans cette veine, sans que cela affecte le moins du monde notre désir et capacité de publier des auteurs français.

 

Sf-Mag
Bien plus, cette « extension éditoriale» semble plutôt bienvenue car elle révèle des pans entiers de la littérature dite populaire qui jusqu'ici étaient en partie ou totalement inconnu du lectorat populaire français. Comment expliques-tu une telle ignorance éditoriale en France ?

 

Le milieu éditorial français traditionnel a toujours peu ou prou méprisé les éditeurs populaires : Ferenczi et Offenstadt avant la Guerre, le Fleuve Noir après celle-ci. Quant aux auteurs, ou on les ignorait superbement, ou on les éreintait par des critiques assassines. Cela a un peu changé après 1968 grâce à des gens comme Andrevon, mais cela reste en grande partie toujours vrai. Je le vois avec Hexagon Comics, où nos rééditions des BD populaires des Editions Lug jadis publiées en magazines de petit format vendus en kiosquier, sont totalement ignorées par virtuellement tous les sites consacrées à la BD francophone.

En France, on enterre notre patrimoine. Les anglo-saxons n’ont réalisé pas moins de trois adaptations de Sherlock Holmes (2 séries télé, une série de films). Ils ressortent en permanence des Poirot, Miss Marple, Zorro, The Shadow, etc. Où sont nos Fantômas, Lupin (la récente version moderne sur Netflix n’est que vaguement inspirée de l’original), Judex, Sâr Dubnotal, Nyctalope, Les Vampires. Tous ces héros qui ont été en leur temps des précurseurs sont tombés dans un oubli quasi-total. Et là encore, c’est la vocation de BCP, RB et Hexagon Comics, chacun dans leurs divers domaines, de préserver ce patrimoine et lui permettre de survivre.

 

Sf-Mag
Cette belle ouverture aux pastiches Burroughsiens se poursuivra-t-elle avec des pastiches howardiens ? On pensera ici aux cycles de Andrew J. Offutt qui sont souvent relevés par les critiques comme parmi les meilleurs. Mais aussi à Lin Carter dont l'oeuvre complète dépasse largement le clivage du cycle de Thongor en France. Penses-tu que cela sera possible un beau jour chez vous ?

 

Apres Kline, nous ferons traduire le Gullivar Jones d’Edwin Arnold, et les 2 romans martien et vénusien de Gustavus W. Pope qui mériteraient d’être connus en France – des experts, du moins. Je suis naturellement limité, pour des raisons financières évidentes, aux œuvres tombées dans le domaine public (du moins aux USA) – sauf très rares exceptions, comme le Sheckley ou les Schildiners. Donc Offutt, Carter, etc., ce n’est pas au programme.

 

Sf-Mag
Bien plus, votre slogan éditorial assure se recentrer sur la fiction des années 70. Qu'en sera-t-il du fantastique anglo-saxon quasi inconnu des lecteurs ? On pourra citer ici les romans satanistes de l'excellent Jack D. Shackleford (Eve of Midsummer, Tanith, The Source, The Strickland Demon, The House of the Magus) ou des plumes féministes dans des one-shot salués comme des classiques (Isobel de Jane Parkhurst). Cette branche du fantastique descendant directement de Dennis Wheatley pourrait trouver son public en France, notamment avec les formidables couvertures de Chris Achilleos, un autre grand artiste récemment disparu. Crois-tu qu'un jour ce sera possible de trouver ces joyaux du genre chez vous ?


Hélas, voir ma réponse à la question précédente. Je ne peux que souscrire à ce désir de voir ces livres publiés un jour chez nous, mais il faudra pour ce faire un éditeur avec de plus grandes ressources, financières et humaines.

 

Sf-Mag
Cela fait un certain temps que Rivière Blanche plébiscite des artistes comme l'excellent Mike Hoffmann. Penses-tu qu'il sera possible un jour de voir des grands oubliés comme l'immense Jeffrey Catherine Jones (1944-2011) qui a notamment donné des peintures de très grande qualité à des publications poches américaines comme celles de Robert Ervin Howard mais également Andrew J. Offutt ?
 

Soyons clairs : j’ai la chance d’entretenir d’excellentes relations d’amitié avec un certain nombre de grands artistes à qui j’ai rendu service en leur offrant des consultations juridiques gratuites sur divers dossiers ; en échange, eux me laissent utiliser des illustrations préexistantes gracieusement, ou pour des sommes que je qualifierai de symboliques, très loin de leurs tarifs professionnels. Si je commande certaines illustrations spécifiques, je propose aussi une rémunération, bien qu’assez faible. Donc je n’ai pas vraiment de latitude quant à mes choix.

 

Sf-Mag
D'où vient à ton avis ce nouvel engouement pour cette science-fiction et cette fantasy plus vintages mais bien plus rêveuses ? L'ère du temps et ses grandes angoisses existentielles individualistes ou/et collectives, le manque d'une réelle littérature populaire face à un genre trop monopolisé par l'intellectualisme et la bourgeoisie ou quoi d'autre ?

 
S’il y a un « engouement », il n’est pas particulièrement reflété dans nos ventes. Je n’ai pas noté que l’ouvrage de Kline se soit particulièrement bien vendu. Personnellement, cela m’indiffère ; nous ne sommes pas là pour gagner de l’argent (à condition de ne pas en perdre !) mais pour faire œuvre utile. Si on ne vend que 20 exemplaires d’un livre, mais que ces 20 acheteurs vont vraiment l’apprécier, je considère qu’on a rempli notre mandat.

 

Sf-Mag
Parlons un peu fiction française. L'immense majorité des auteurs que vous publiez semble ressortir de la même littérature populaire mais d'autres se risquent aussi dans des exercices d'écriture comme « La Micronouvelle » comme par exemple chez Artikel Unbekannt dans son stupéfiant recueil « Près de l'os ». Cette libération de la stylistique est bienvenue dans un genre souvent étriqué dans sa lourde tendance à ne faire que dans la quantité de pages plutôt que dans la qualité narrative. Ce retour novateur aux source du « Story Teller » va-t-il se généraliser ou bien est-ce un épiphénomène comme il s'en voit souvent dans un genre un peu trop stéréotypé justement par ceux qui pensaient lui offrir sa plus grande liberté narrative.
 

N’oublions pas ce que je disais plus haut : la vocation de RB est de publier ce qui ne trouve pas sa place ailleurs. Pour moi, Près de l’Os ou Otis Adelbert Kline, un Max-André Rayjean ou une ouvrage sur l’univers de J. & D. Le May, un Docteur Oméga ou un Nyctalope, le Gamin de la Spa 36 de P.-J. Herault ou le Jean Diable de Paul Féval, c’est la même chose. C'est-à-dire : est-il vraisemblable que cela puisse être publié ailleurs que chez nous ? NON. Est-ce intéressant, ou, cela mérite-t-il d’être publié ? OUI. Donc, je publie. En résumé, comme je le dis souvent, je nous vois comme étant la dernière étape avant le classeur pour les projets méritants.

 
Sf-Mag
Pour ceux qui ont eu l'immense privilège d'avoir pu lire le formidable roman de Charles Lomon et P.B. Gheusi, « Soroé reine des Atlantes » enfin édité en intégrale par les excellentes éditions Callidor et son maître d'oeuvre Thierry Fraysse, voilà que votre catalogue annonce la publication du premier tome d'une trilogie par Frank Schildiner. Pourrais-tu nous en dire plus concernant ce cycle Atlante, et son « L'âme de Soroe », annoncé pour février 2022 ?

 

Brian Stableford et moi sommes à l’origine de cette réédition. Nous avions trouvé trace de l’édition originale dans le catalogue de la BNF. Brian a retrouvé un exemplaire à Londres, l’a traduit, et nous l’avons publié chez BCP. Un peu plus tard, Thierry Fraysse m’a gentiment contacté pour me demander de lui recommander des œuvres de proto-fantasy françaises. Je lui ai suggéré le Lomon & Gheusi, deux romans d’André Lichtenberger (il en a réédité un depuis) ainsi que quelques autres titres. Parallèlement, Frank Schildiner avait envie d’écrire une trilogie à la Robert Howard, et j’ai suggéré qu’il s’insère et prolonge le roman de Lomon & Gheusi. Le premier tome est paru chez BCP l’an dernier, et le second sort au printemps. Entretemps, j’ai fait traduire ledit premier tome par Thomas Bauduret, et il sortira chez RB au printemps 2022.

 

Sf-Mag
Comment s'opère ton travail au sein de Rivière Blanche entre la recherche des vieux titres jamais publiés dans notre langue, la traduction quand c'est nécessaire et les auteurs contemporains ?
 

J’ai toujours une douzaine de projets à l’esprit, certains depuis 20 ans, voire plus. Par exemple faire traduire en anglais Les Mémoires du Diable de Frédéric Soulié, Les Farfadets, les deux Kobor Tigan’t de Sylf, des Kurt Steiner, des Fascinax, des B. R. Bruss, des André Laurie, quelques autres Doc Ardan et Nyctalope, un roman des Atlantes… Certains se réaliseront, d’autres non.

Dans l’autre sens, Anglophone vers France, c’est moins nécessaire car il y a plus d’acteurs capables de le faire, encore que… Pourquoi personne d’autre n’a fait les Skylark ou les Talbot Mundy ? Ou le Sheckley ? Bref, je me sens moins « nécessaire ». Je voulais faire des Francis Stevens, mais quelqu’un d’autre va les faire à ma place. Pour moi, c’est une excellente nouvelle. Je suis 100% certain que personne en France ne fera jamais les Gustavus Pope. Mais quid de E & O Binder, par exemple ? J’aimerais bien publier la VF du Cabinet Noir de Charles Rabou, mais il faudrait tout retaper…

Tout cela reste un travail beaucoup plus lourd et couteux que de publier un roman français. Voir l’héroïque Jean-Daniel Brèque qui a fait un travail totalement indispensable avec sa collection « Baskerville » et qui a fini par arrêter parce que les ventes espérées n’étaient pas au rendez-vous.

 

Sf-Mag
Il y en a que le Brexit a grandement handicapé. Pourrais-tu expliquer aux lecteurs et indirectement à ceux qui ne se rendent pas compte du nombre de novateurs qu'ils handicapent les ressorts d'une telle décision quasi séparatiste de la part du Royaume-Uni ?
 

C’est un simple problème de transport et, désormais, de dédouanage. Là où pre-Brexit, un colis de 30 livres me coutait 12 livres sterling, il me coute aujourd’hui 36 livres sterling, frais de dédouanage compris. Et il prend deux fois plus longtemps à être livré. Quand on opère en flux tendus comme nous, c’est une petite catastrophe.

 

Sf-Mag
L'échéance présidentielle se rapprochant à grands pas et les discours n'évoluant pas ou peu en fonction des divers gouvernement arrivés au pouvoir, penses-tu qu'il serait grand temps pour les futurs dirigeants d'inventer une nouvelle politique du livre ?

 
En pratique, j’ignore ce qu’est, ou serait, une « politique du livre ».


SF Mag

Entre les coûts de production et le prix final d'achat le livre semble encore et toujours grandement mis à mal, notamment vis à vis d'un lectorat populaire qui lui manque grandement. Concernant la baisse des charges, des coûts de fabrication et qui plus est des politiques de retour des invendus, la distribution, ne penses-tu pas qu'il serait temps de rénover en profondeur ce monde de l'édition où beaucoup survivent à peine quand d'autres mettent la clé sous la porte ? Une même qualité de grammage et de couverture, des pâtes mécaniques non polluantes pour un prix d'achat fixé entre 2 à 5 euros par exemple pour les poches ne ferait-il pas revenir la culture populaire chez les plus modestes ? Pourquoi donc n'y-a-t-il jamais eu de réforme en profondeur d'un secteur de plus en plus mis à mal ?


Je suis très sceptique quant aux mesures que tu décris ci-dessus. Elles ne me semblent ni réalistes, d’un point de vue pratique, ni même désirables.

 

Sf-Mag
Comment vois-tu l'avenir du livre à plus ou moins longue échéance ?
 

Je nous compare souvent à des fabricants de vitraux ; nous sommes devenus de l’artisanat de luxe.

 
SF Mag:
La globalisation numérique des e-books ou bien une espèce de nouvelle donne faisant des éditeurs des distributeurs numériques avec possibilité de façonner chez soi son propre livre avec la couverture de son choix, comme si on venait de l'acheter en librairie ? L'évolution actuelle avec le nouveau système d'impression semblerait aller dans le sens de cette seconde solution qui pourrait peut-être sauver le livre en France, notamment vis à vis des petits éditeurs littéralement assassinés par les distributeurs. Qu'en penses-tu, Jean-Marc ?

 
Aux USA les ebooks représentent entre 1/3 et 1/2 de nos ventes ; en France, cela reste, disons, anecdotique. En pratique, le livre, surtout le livre populaire, est aujourd’hui concurrencé (en temps passé et argent disponible) par d’autres media, plus divertissants, moins chers, etc. Jeux, séries télé sur Netflix, Disney+, etc. On ne peut pas « sauver » le livre, pas plus qu’on a « sauvé » le théâtre populaire ou les magazines de BD. On peut continuer à exister dans des niches sociologiques réservées aux amateurs, mais il faut accepter les évolutions de société. De ce point de vue, on a été les premiers à tirer les leçons de cette évolution.

 
Sf-Mag
Merci donc à toi pour nous avoir accordé le privilège d'une telle interview. Et au regard de la qualité de vos publications, inutile de te dire que ce ne sera pas la dernière... 

C’est très gentil ; merci !